Trouvé par hasard ce matin… Damir Radović, un jeune artiste français – je me flatte en même temps, il a deux ans de plus que moi – originaire de Sarajevo (où il a connu la guerre).
L’essence de sa démarche graphique tourne autour de l’utilisation de symboles communs pour mettre en scène les progressions de l’individualisme,
et simultanément, l’emprise des nationalismes (et des structures supranationales) sur les individus.
Travail intéressant, même s’il ne trébuche pas sur la nuance. Intéressera sans doute l’humour qui imprègne plusieurs de ses œuvres. À titre d’exemple,
Nous tournons en rond dans le noir et nous sommes dévorés par le feu
(Installation, 2011, néon, résine epoxit, dimensions variables) qui s’intéresse à l’Europe…
Lors de mon passage à Paris en juin dernier, je m’étais rendu compte que beaucoup d’artistes français se tournaient vers le néon, une pratique que je n’ai vue souvent au Québec. Au départ, le côté propret du néon peut déranger.
Or, dans ce cas, il met en lumière la spectacularisation de l’anodin
(« petit chien grosse merde »), enlevant autant de relief à l’entité politique de l’Europe grossièrement aplatie au sol. Voir la série sur le site de l’artiste.
Aussi, jetez un œil à son travail de travestissement de cartes géographiques où les frontières sont redessinées par l’artiste en fonction d’icônes populaires – Bart Simpson, Charlie Chaplin, Jaws, etc.
Enfin, le concept de la performance récurrente de l’artiste, Paradoxical sleep, dont on peut trouver les traces vidéographiques sur le web, est encore une fois peu nuancé (bon peuple, tu dors sans te préoccuper de ce qui se passe autour de toi!) mais tout de même plutôt réussi.
Par sa récurrence et sa pénétration géographique (la performance a été réactualisée en différents points du globe), la performance a certainement la force de montrer que l’aveuglement politique (aka l’endormissement) est universel
– alors que la tendance est plutôt de le dénoncer au niveau national.
L’artiste rappelle ainsi que la politique est de moins en moins nationale, justement, avec l’étalement des forces comme l’Europe, les États-Unis, même la Chine qui se déploie de plus en plus dans les pays riches en ressources naturelles
– dont plusieurs pays d’Afrique, mais aussi le Canada.
Amorce pour une belle réflexion géopolitique, il va sans dire.
Par Jean-François Caron, 2011